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Chroniques Antarctiques - janvier 2024
Récit de ma mission en Antarctique pour comprendre les conditions dans lesquelles les scientifiques et les techniciens français œuvrent au service de la science, de l’environnement et de la paix.
En novembre dernier, le Président de la République a annoncé le doublement du budget dédié à la recherche polaire de la France d’ici 2030. Un budget d’un milliard d’euros pour reconstruire nos stations antarctiques, réaliser un grand programme de recherche, construire un navire de recherche à capacité glace et renforcer notre opérateur logistique, l’Institut polaire Paul-Emile Victor. Ces annonces, qui ouvrent une nouvelle page de notre histoire polaire, reprennent les mesures que nous avions défendues avec ma co-présidente du groupe d’études de l’Assemblée nationale sur les pôles, Clémence Guetté, plus de 300 autres parlementaires, l’ambassadeur aux pôles, Olivier Poivre d’Arvor et la communauté polaire dans son ensemble. Nous les avions portées à travers une proposition de loi de programmation polaire pour les années 2024 à 2030. Tout au long de ce travail de plusieurs mois, nous avons échangé avec les acteurs du polaire, les scientifiques, les logisticiens, les diplomates, les associations. Nous nous sommes battus à leurs côtés pour une ambition renouvelée. Ces échanges ont grandement enrichi notre connaissance des enjeux polaires mais il restait à nous rendre compte, par nous-même, de la réalité du terrain. Observer au plus près les conditions dans lesquelles ces hommes et ces femmes travaillent au service de la science et de la France. Nous sommes donc partis en Terre Adélie le temps d’une mission d’un mois, profitant de la pause parlementaire de fin d’année : d’abord l’avion jusqu’à Hobart, au Sud de l’Australie, puis une semaine de bateau, treize jours sur place et une dernière semaine de bateau pour le voyage retour.
« Chroniques antarctiques ». Le titre est un peu prétentieux mais il est venu en regardant un film dans l’avion entre Paris et Sydney. Vol dans lequel je n’ai failli pas monter n’ayant pas de visa à présenter au départ de Roissy. Grosse panique assez vite réglée par l’Institut Polaire qui me l’a renvoyé mais j’ai bien vu notre aventurier ne pas quitter la terre de France ! 24 décembre. Après ce long voyage où j’ai perdu toute notion du temps, j’ai directement débarqué chez Sylvain, membre de l’équipe Bénéteau, qui organisait un diner de Noël sur sa terrasse au bord de l’eau. J’y ai retrouvé de vieux copains, Pierre, Olivier et Christophe qui, le lendemain de Noël, m’ont fait un joli cadeau en m’invitant à assister au départ de Sydney-Hobart, course au large qui fait rêver tous les marins. Christophe m’a trouvé un embarquement sur le bateau à moteur de Jacques avec la famille des marins. Un vrai départ de Sydney-Hobart avec un long bord de travers pour sortir de la baie et des bateaux accompagnateurs par centaines. Je saisis du peu que j’en ai vu que Sydney est une ville très accueillante. Je comprends pourquoi mon fils Alexandre s’y est tant plu pendant deux ans. Le 27 décembre, c’est un pas de plus vers notre destination polaire : départ pour Hobart, au Sud de la Tasmanie. On me dit que la météo y est plus rude que dans cette belle baie de Sydney où j’ai passé un sacré Noël. 28 décembre. Arrivé à Hobart peu avant ma collègue, nous nous rejoignons avant de faire route ensemble vers l’Astrolabe. Le brise-glace effectue quatre à cinq rotations chaque année entre la Tasmanie et la Terre Adélie, durant l’été austral, période pendant laquelle l’état de la glace permet d’y naviguer. Aujourd’hui, il est amarré au port d’Hobart mais d’autres mois de l’année le navire peut être aperçu au large de Kerguelen, de la Réunion ou de Tromelin. Il est, en effet, utilisé pour des missions logistiques dans les Terres australes françaises et des missions de souveraineté dans l’Océan Indien. Nous sommes nous de la 3e rotation, dite « R2 », la première étant « R0 ». Je monte à bord de l’Astrolabe avec un mélange d’appréhension et de fascination. La traversée n’est pas réputée pour son confort. Devant nous les 40e rugissants, les 50e hurlants… le vocabulaire marin vous invite à l’humilité. L’Antarctique ça se mérite ! La Préfète des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Florence Jeanblanc-Risler est aussi du voyage. Elle a tenu à être présente à Dumont d’Urville pour la mission d’inspection menée par l’Australie dans le cadre du Traité sur l’Antarctique. Tous les pays présents sur le continent sont tenus, en effet, à la plus grande transparence sur les activités qu’ils y mènent afin de s’assurer qu’elles ne soient pas contraires au traité, c’est-à-dire, qu’elles soient, par exemple, militaires ou polluantes. Nous avons aussi la chance d’avoir avec nous, Nathalie Metzler, directrice adjointe de l’Institut polaire.
3 janvier. Le commandant de l’Astrolabe, officier supérieur de la Marine nationale, nous avait dit arrivée à 10 heures dans l’Anse du Lion. À la minute près nous y sommes, à l’issue de cinq jours de traversée difficile qui a rendu malade plus d’un de nous à bord. Traversée où les conversations étaient très courtes : de rapides bonjours et bonsoirs aux rares attablés lors des repas. Toujours servis à l’heure et toujours copieux, les chefs faisant des merveilles d’équilibrisme pour remplir nos gamelles que souvent nous rendions aux poissons aussi vite ! Ce fut, d’après le commandant, la traversée la plus pénible depuis bien longtemps ! Mais, la veille de notre arrivée, le 2 janvier, tout a changé. D’abord, la mer s’est enfin calmée et les premiers icebergs sont apparus. Petits au début, plutôt des growlers – morceaux de glace – puis de véritables icebergs, énormes, détachés parfois depuis plusieurs décennies. Enfin, vers minuit, comme en plein jour des icebergs à ne plus finir. Vers 6 heures du matin, nous rencontrons le pack de glace. Après l’avoir rapidement évité nous taillons notre route à travers l’immensité gelée direction Dumont d’Urville. A Dumont d’Urville, nous sommes accueillis par Geoffrey, chef de district pour les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Les TAAF comptent cinq districts : Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, les Eparses et la Terre Adélie. Cette dernière n’étant pas un territoire français – seulement revendiqué – son organisation est différente des autres districts. Les TAAF y délèguent la plupart de leurs missions à l’IPEV. A peine arrivés, nous prenons possession de nos chambres avant de déjeuner avec la petite centaine de résidents. Nous poursuivons avec le briefing sécurité et un tour des manchotières entourant la base. Les phoques font la sieste. Les manchots empereurs sont encore bébés. Avec ma collègue Clémence Guetté, nous ne sommes pas venus les mains vides. Nous avons souhaité remettre une médaille de l’Assemblée nationale à l’ensemble des expéditionnaires de Dumont d’Urville et de Concordia (la base franco-italienne plus à l’intérieur du continent). Une courte cérémonie est improvisée. Avec humilité, nous saluons l’engagement, le talent et le courage de toutes et tous. Nous remercions également l’équipage de l’Astrolabe pour cette inoubliable traversée.
4 janvier. Trois semaines, ça fait long ! Les journées se suivent et se ressemblent déjà un peu. Ce matin, nous sommes allés saluer l’équipage de l’Astrolabe. Nous avons pris le café avec le commandant et une espèce de Jimmy qui s’appelle Jacques. Je trouve qu’il parle beaucoup. Nous en avons surtout profité pour imprimer Le Figaro et prendre des nouvelles du pays et du monde. Nous étions de retour à 9 heures pour assister à un lâcher de ballon par les équipes de Météo France. J’ai occupé le reste de la matinée en envoyant mes vœux. Car, il y a dans les TAAF et en Antarctique une longue tradition philatélique, les courriers marqués d’un ou plusieurs tampons personnalisés par les expéditionnaires font la joie des collectionneurs de timbres et des passionnés des pôles. Le courrier mettra plusieurs mois certainement à arriver en France, espérons qu’il ne se perde pas en route. Tout est très compliqué ici, la réalisation des programmes est toujours incertaine. Nous sommes tributaires de l’état de la météo et de la glace. Il est parfois arrivé que le bateau reste bloqué un long moment dans la banquise. Hier, nous avons vu un reportage racontant la fois où le premier Astrolabe y avait été pris pendant 57 jours, pour finir par faire demi-tour sans atteindre Dumont d’Urville. Il faut donc tout prévoir très en avance. Deux ans de réserve de gasoil, des pièces de rechange pour tout. La gestion des déchets s’en trouve aussi très compliquée. Le transfert des denrées et du matériel de l’Astrolabe à la base se fait par hélicoptère depuis que la barge qui était utilisée jusqu’à lors a été déclassée par un expert maritime. À une tonne de charge maximum ça en fait des rotations. C’est donc cet hélicoptère qui nous a déposé, en fin de journée, assez de nourritures pour passer l’hiver. Il y a de tout, de la coquille Saint-Jacques au fromage à raclette en passant par du porc Jean Rosé de Locminé !
5 janvier. Nous avons dîner avec Dimitri et Aude qui sont sismographes. Ils reviennent de Concordia. L’une travaille sur les variations du pôle Sud magnétique et l’autre sur la prévention des tremblements de terre. Ils nous ont parlé de l’importance de cette base au milieu du continent antarctique pour leurs travaux. La France dispose avec ses îles australes et ses bases antarctiques d’un réseau unique en matière de prévention. Nous nous sommes mis à parler de Concordia, prouesse franco-italienne et du savoir-faire des expéditionnaires qui la ravitaillent. 6 janvier. Nous partons ce samedi de Dumont d’Urville pour suivre une mission de quatre jours en mer. Il n’est pas aisé de libérer du temps à l’Astrolabe pour une mission scientifique aussi longue : c’est pourquoi il était indispensable pour la France de se doter d’un navire dédié à la recherche et qui n’aura donc pas à être partagé entre des missions de surveillance des TAAF, de logistique et science. C’est ce que nous demandions et avons obtenu lors du Sommet polaire à Paris en novembre. La mission doit permettre de relever un marégraphe déposé il y a quelques années dans la baie Commonwealth à environ 100 milles de Dumont d’Urville, de faire des comptages de manchots, des carottages de glaces à Port-Martin (y faire pour la première fois un bivouac nocturne), Cap Jules et Cap Bienvenue, et des relevés hydrographiques dans des zones vierges de mesures. Nous embarquons avec les ornithologues, les glaciologues, la cheffe logistique, Nina, et la cheffe scientifique, Coline. Nous apprenons immédiatement que nous n’avons pas les moyens de relevage pour la baie du Commonwealth. Une partie du programme est donc annulé.
7 janvier. L’objectif était, ce dimanche, de débarquer à Port-Martin, emplacement de la première base des expéditions polaires en 1950. Le commandant m’a proposé de le rejoindre à la passerelle à 2 heures du matin pour découvrir Port-Martin par la mer. Je croyais que tout avait brûlé dans l’incendie de 1952, il reste quand même une vieille cabane de secours et un amer. L’Astrolabe ne peut pas y accoster, aucune infrastructure ne le permet. Il faut continuer en zodiac. À 8h30 nous descendons dans la cale du bateau. Nous sommes le 3e départ. Il faut d’abord enfiler une combinaison de survie, les mêmes Cotten en néoprène que nous embarquions pendant les courses transatlantiques à la voile. A voir l’équipage déjà tout équipé – combinaison, masque de ski, gants – on comprend qu’il fait très froid. Le vent qui s’est levé fort ce matin souffle à 30 nœuds et soulève un petit clapot. Descente le long de l’échelle de pilote vers le zodiac « polarisé », c’est-à-dire modifiés pour résister à l’environnement polaire. A peine embarqué, le froid vous prend à vous coller une barre sur la tête. Trois longues minutes plus tard nous arrivons sans encombre sur la banquise. À peine débarqué, je mesure mon incroyable privilège, celui de fouler cette terre. J’en suis saisi. Je marche sur Port-Martin comme d’autres ont marché sur la lune. La base a été utilisée pour les quatre premières expéditions de nos pionniers. Il y eu Dumont d’Urville en 1840, le commandant Charcot en 1907 et Paul-Emile Victor en 1950. En 1952, la base a brûlé dans un incendie. Nous sommes allés voir. Du charbon, des câbles, des traîneaux en bois, voilà ce qu’il reste de la première base permanente française en Antarctique. Nous étions aussi venus pour voir la plaque Michel Rocard apposée face à la baie qui porte son nom. On a tourné, on a viré, jamais nous ne l’avons trouvée… C’est seulement le lendemain que nous l’avons découverte et que nous avons ainsi pu rendre hommage au Premier Ministre qui avait tant fait pour l’Antarctique, à celui qui fut aussi notre premier ambassadeur aux pôles.
8 janvier. Ce lundi nous devons faire des manipulations à Cap Jules mais impossible de débarquer avec le zodiac, les falaises de glaces sont trop hautes et la banquise trop dangereuse. Bref, les risques du métier des marins. Manque de chance, l’hélicoptère n’est pas disponible, c’est jour de repos. 9 janvier. Le mauvais temps a contraint la journée de mardi après une nuit d’exceptionnelle tempête. Des vents régulièrement au-dessus de 50 nœuds avec des pointes jusqu’à 74 ! Le bateau a tenu et l’équipage aussi : nous n’avons jamais été inquiétés. La bonne solution pour attendre le coup de vent ? Se mettre à l’abri derrière un iceberg et faire le gros dos. Bravo à l’équipage. La bonne nouvelle c’est que nous avons pu améliorer la cartographie de Port-Martin et le relevé d’un haut fond. Je retiens de cette longue sortie en mer la qualité de l’équipage toujours attentif, à qui l’on demande beaucoup, naviguant toujours plus près le long des côtes. Je comprends aussi que c’est la météo qui décide et qu’il faut peut-être planifier différemment la journée de repos de l’hélico. 12 Janvier. Ce matin nous avons assisté au départ du raid depuis le Cap Prud’homme situé à quelques encablures de Dumont d’Urville. Le raid, c’est un savoir-faire logistique unique, une colonne de tracteurs et de containers qui dessert la base franco-italienne Concordia plantée à 1200 km de Dumont d’Urville, à l’intérieur du continent. Chaque année, il permet la livraison de 180 tonnes de fuel, de nourriture et de matériels, ce qui par avion est impossible. Particularité de ce raid, le premier voyage d’un container atelier-hôpital, long de 15 mètres, arrivé à Dumont D’Urville en 2016 mais opérationnel seulement maintenant. Les techniciens de l’IPEV n’ont cessé d’améliorer leurs techniques, leurs engins, les premiers ne résistaient mal au froid. Année après année, les mécanos de Prud’homme ont affiné leur savoir-faire pour transporter plus et mieux. Cependant, il faut toujours consommer un demi litre de gasoil pour transporter 1 kg de nourriture ou de matériel à Concordia. Réduire l’impact environnemental de la science et de logistique en Antarctique – réserve naturelle– est une préoccupation de plus en plus prégnante ici. Ce sera un des grands enjeux de la rénovation de la base Dumont d’Urville, notamment par l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, le développement d’énergies renouvelables ou encore une gestion plus efficiente des déchets. Depuis deux ans, Prud’homme est accessible en hélicoptère. Nous avons donc pu survoler le glacier de l’Astrolabe – 16 km de long sur 6 km de large – et les trois convois du raid pénétrant l’immensité blanche. L’hélicoptère nous a ensuite amené directement sur la petite île du Lion, en face de Dumont d’Urville, où nous avons fait le tour en compagnie de Yann dont c’est le vingtième hivernage.
13 janvier. Nous retournons à Cap Prud’homme. Avec ma collègue nous en entendions peu parler avant notre déplacement, c’est pourtant un point névralgique de la logistique polaire. Il faut se figurer qu’entre décembre et mars, la banquise fond entre Dumont d’Urville et Prud’homme. Durant cette période, la station, située sur l’île des Pétrels et de celle du Lion, est séparée du continent. C’est sur les îles, décidément, que se sentent le mieux nos compatriotes. Déjà, en 1840, Jules Dumont d’Urville débarqua sur le Rocher du débarquement – une île plus au large – après un voyage que je peine à imaginer. L’accélération de la fonte de la glace rend, par ailleurs, nécessaire le développement de Cap Prud’homme comme point de départ des convois vers Concordia ou d’expéditions scientifiques, car l’infrastructure est, elle, située sur le continent et non sur une île. L’Antarctique perd de sa glace sur la péninsule et à l’Ouest, nous disent les scientifiques que nous rencontrons à Prud’homme. L’Antarctique de l’Est est relativement stable de ce point de vue-là. Si rien ne change, à l’horizon 2100-2150, la glace à l’Ouest pourrait fondre 40 cm par an et l’Est ne serait plus épargné. A Cap Prud’homme nous échangeons avec Manu, 15 ans d’expérience dans le départ du raid. Il nous parle du raid scientifique Samba (SurfAce Mass Balance of Antarctica) qu’il a réalisé. Ce raid, effectué sur de courtes distances, permet de mesurer l’accumulation de neige le long de la piste du raid logistique vers Concordia. Les Anglais font différemment, ils n’organisent pas de convois terrestres pour mener des recherches à l’intérieur du continent. Ils préfèrent, par exemple, déposer des chercheurs par avion avec du matériel très léger pour un mois maximum. La question du développement ou non de nos capacités logistiques et scientifiques en Antarctique est devenue cruciale. Les scientifiques interrogent de plus en plus leur propre impact sur l’environnement polaire, sa faune et sa flore, au-delà du cadre déjà strict établi par le traité sur l’Antarctique.
16 janvier. Jour du départ. Nous remontons à bord de l’Astrolabe, cette fois-ci direction Hobart. Nous y prendrons l’avion pour Melbourne puis Paris en passant par Singapour. Certains de nos compagnons de voyage restent à Dumont d’Urville pour y continuer leurs travaux scientifiques, ils repartiront à la prochaine rotation dans quelques semaines. S’il est agréable de penser à la chaleur de son foyer que l’on va retrouver, quitter cette terre de glace et de vent, ses hommes et ses femmes au quotidien extraordinaire, ne laisse personne indifférent. Une dernière fois, les évènements ont donné raison à l’adage souvent répété à Dumont d’Urville : « en Antarctique, pas de pronostic ». Nous avons à peine entamé le chemin du retour que l’Astrolabe se déroute pour porter assistance à un navire australien à capacité glace – et pas brise-glace – et l’aider à se dégager du pack. Le retard pris est rattrapé au prix d’une consommation plus importante de carburant. A Hobart, je ne quitte pas le bord sans laisser un mot dans le livre d’or : « En souvenir de ce mois de janvier de cette belle année 2024. D’un départ d’Hobart au lendemain d’une inoubliable arrivée de course. Au(x) coup(s) de chien à peine sorti de Storm Bay qui porte si bien son nom. À ces 3 jours difficiles dans les 40èmes rugissements et 50èmes hurlants. À cette mer et à ce vent que je voulais connaître. À ces premiers Icebergs, cette première banquise qui craque sous l’étrave de l’Astolabe, et qui nous rappelle ces héros et ces aventuriers qui nous ont précédés, de l’Amiral Dumont d’Urville, au Commandant Charcot… A l’arrivée à DDU en cassant une belle glace et en espérant bientôt un nouveau quai. À cette expédition sur les traces des premières expéditions polaires à Port-Martin. A ce coup de vent de 70 nœuds, à faire le gros dos sous le vent de l’Iceberg que l’on a trouvé pour se protéger. À ce remorquage de l’Investigator, qui doit nous aider à savoir ce que sera notre prochain navire polaire le « Michel Rocard ». À ce temps passé avec les équipes de l’Ipev et des chercheurs devant quelques belles séances de cinéma. Aux albatros, enfin, vus la veille de l’arrivée. Pour tous ces souvenirs pour toujours, tous mes remerciements et ma gratitude à l’équipage du Patrouilleur Polaire P800, l’Astrolabe, de son commandant le capitaine de vaisseau Tanneguy Biseau et l’espoir de naviguer à nouveau ensemble. Amitiés polaires. » Ce voyage aura renforcé ma conviction que la France a un rôle majeur à jouer dans les régions polaires au service de la science, de l’environnement et de la paix. Ma détermination à y œuvrer s’en trouve également grandie car c’est bel et bien notre avenir à tous qui se joue dans ces régions du bout du monde.
Mardi 23 janvier. Nous arrivons au petit matin à Paris, prêts à enchainer avec les traditionnelles réunions de groupes politiques et la séance de questions au Gouvernement, avec au programme, l’agriculture et la pêche en crises.